"Je voudrais que l’on crée une véritable Silicon Valley sur le plateau de Saclay." Il y a deux ans, le président de la République affichait son ambition pour le "développement de la région capitale". Christian Blanc, considéré comme le père des pôles de compétitivité, se voyait confier les rênes de ce chantier, avec l'objectif de faire de la capitale une "ville-monde" et de Saclay un "cluster" de classe internationale. Mais entre-temps, les débats autour du Grand Paris se sont focalisés sur la question des transports et de l'aménagement autour des gares confié à la Société du Grand Paris. A en oublier l'autre grand volet du texte préparé par l'ancien PDG d'Air France. Finalement, c'est à Michel Mercier, dans le cadre de ses nouvelles attributions de ministre chargé du développement de la région capitale, depuis la démission de Christian Blanc, qu'est revenu le soin de présenter le décret créant l'établissement public de Paris-Saclay. Le texte pris en application de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris a été publié au Journal officiel, mercredi 4 août. Il précise la composition du conseil d'administration dont la première réunion se tiendra d'ici deux mois. Ce conseil comprendra quatre collèges représentant l'Etat, les collectivités territoriales, le monde scientifique et le monde économique. Une façon de coiffer le conseil régional qui possède son propre projet de développement à travers le schéma directeur de la région Ile-de-France, document jugé beaucoup trop timide par Christian Blanc, ce qui a valu une passe d'armes de deux ans entre l'Etat et la région sur ce dossier. Le président de la région Ile-de-France sera toutefois présent dans le collège des élus, aux côtés des présidents des conseils généraux des Yvelines et de l'Essonne, des présidents des quatre principales intercommunalités du plateau de Saclay et de deux maires désignés par les unions locales des maires des Yvelines et de l'Essonne.
23 acteurs de premier plan
La mission de l'établissement public de Paris-Saclay, dont le siège est pour le moment fixé à Orsay, est d'impulser et de coordonner le développement du pôle scientifique et technologique du plateau de Saclay, ainsi que son rayonnement international. Il travaillera en étroite coordination avec la Fondation de coopération scientifique du plateau de Saclay, chargée de développer le pôle universitaire. Objectif : regrouper 30.000 étudiants et 12.000 chercheurs. Mais le chemin sera long, même si le plateau de Saclay concentre déjà 10% de la recherche publique française et dispose de beaux atouts, comme la présence sur son sol du Commissariat à l'énergie atomique, du CNRS, de Poytechnique… A terme, ce sont 23 acteurs de premier plan qui seront regroupés avec, comme nouveaux venus, l’Ecole des mines ou l’Ecole normale supérieure de Cachan qui peut légitimement se sentir dépossédée. La loi a également prévu le transfert de l'université d'Orsay. A ce rythme, le personnel devrait augmenter de 30% et la population étudiante de près de 90%. Le défi en termes de transports et de logements est énorme. Les élus ont obtenu en contrepartie qu'au moins 2.300 hectares de terres agricoles soient sanctuarisés (soit 500 de plus que dans le projet initial).
Certes, le plateau bénéficiera d'un milliard d'euros du grand emprunt dès cette année, auxquels s'ajoutent les crédits alloués dans le cadre du plan Campus, soit 850 millions d'euros. Mais le volet transports risque de patiner encore longtemps. Saclay fait partie des neufs territoires de projets que la double boucle de métro automatique doit desservir. Seulement, le financement est toujours aussi hasardeux et le tronçon passant par Saclay pourrait être remis à plus tard.
Reste enfin le plus dur : faire prendre la mayonnaise à ce vaste ensemble. Une alchimie qui ne repose pas uniquement sur les crédits ou sur le regroupement des acteurs sur un même site. L'objectif est de créer une centaine de start-up par an… dix fois plus qu'aujourd'hui.
Michel Tendil
Référence : décret n°2010-911 du 3 août 2010 relatif à l'établissement public de Paris-Saclay, JO du 4 août 2010.
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