"J'ai à Nice, non seulement la première police municipale de France, mais aussi LA meilleure de France." Dressant le 28 janvier le bilan de la police municipale niçoise dans la cour de l'ancien Hôpital Sant-Roch – qui abritera dans trois ans le premier hôtel des polices commun aux polices nationale et municipale –, Christian Estrosi n'a pas fait dans la demi-mesure. Invérifiable, l'assertion n'est toutefois pas sans fondements. On le sait, la ville dispose d'une force de frappe sans équivalent parmi les polices municipales françaises, enviée même par nombre de policiers nationaux. Le bilan affiché accrédite encore la thèse qui veut que Nice ouvre ainsi une "nouvelle voie", celle de polices municipales "non pas force complémentaire de celles de l'État, mais […] partenaire". Entendre, d'égal à égal. Au-delà des classiques "lutte contre les atteintes au cadre de vie" (dépôts sauvages, jets de détritus… qui ont donné lieu à 6.067 infractions relevées) et "missions de sécurité publique générale" (opérations de sécurité routière, contre l'occupation abusive du domaine public, etc.), le maire a souligné l'importance des mesures de "lutte contre la délinquance" : "5.470 interpellations pour des faits criminels ou délictuels", dans le cadre de la lutte contre la drogue, contre les détentions et ports d'armes ou encore à la législation sur les étrangers. Loin de la lutte contre les nuisances sonores… Autres succès revendiqués, plus conjoncturels, les 17.000 verbalisations pour non-respect des gestes barrières et la réalisation par la police niçoise de "10% des verbalisations dans notre pays lors du premier confinement". Sans évoquer la neutralisation du terroriste de la basilique Notre-Dame en octobre dernier, fait d'arme encore dans toutes les têtes. "C’est grâce à vous que mes demandes répétées d’extension des pouvoirs des agents municipaux ont été validées par le Premier Ministre et le ministre de l’Intérieur", a assuré le maire à ses employés.
Une plateforme de soutien à la police…
Christian Estrosi n'a en effet de cesse de revendiquer une extension de ses compétences en la matière, promise à titre expérimental à l'été par le Premier ministre et que la proposition de loi relative à la sécurité globale est en train de mettre en musique, non sans heurts (v. notre article). Si nombre d'élus n'aspirent pas à ce que cette "troisième force de sécurité de notre pays" vantée par l'élu niçois se mue en "police nationale bis", pour reprendre les termes du sénateur Pointereau, le maire de Nice continue de pousser ses pions. Dénonçant les caricatures – "Estropolice, Big Brother, Ultra-sécuritaire" –, l'élu se prévaut du soutien des habitants, arguant des résultats d'une enquête, réalisée par Ipsos, en septembre 2020, selon laquelle 77% des personnes interrogées auraient une "bonne" image de la police municipale de Nice. Une image qu'il entend d'ailleurs conforter puisqu'il vient de lancer une plateforme destinée à recueillir les témoignages de soutien et même "d'amour" des Niçois, et plus généralement des Français, pour la police, lato sensu, dont il prend la défense : "la violence systémique, c'est celle de voyous cagoulés", pas celle des forces de l'ordre.
… qui se veut aussi une boite à idées destinée à alimenter le "Beauvau de la sécurité"
Une plateforme également destinée à recueillir les idées des Français "sur le fonctionnement, les missions ou encore la relation police/population". Leur recueil constituera un "livre blanc" que Christian Estrosi remettra au ministre de l'Intérieur dans le cadre du "Beauvau de la sécurité". Des rencontres à laquelle l'ancien président de la commission consultative des polices nationales, qui aspire à retrouver son siège prochainement, "déplore que les polices municipales n’aient pas été associées, une fois de plus". "Il est regrettable que dans le même temps le rôle primordial des polices municipales soit cité en exemple et que nous ne puissions faire valoir notre point de vue aux côtés de la police et de la gendarmerie nationale", a-t-il jugé. Il affirme entendre également poursuivre son combat "pour la juste revalorisation" des conditions statutaires des policiers municipaux.
Au plan local, il a annoncé le renforcement de la brigade cynophile, la poursuite du développement des bornes d'appels d'urgence près des écoles et le développement d'un "centre d'hypervision" dans le futur hôtel de police, engagement de campagne. Également dans les tuyaux, la formation de quatre agents au pilotage de drones, acquis dans le cadre de l'Agence métropolitaine des risques. Reste que la proposition de loi Sécurité globale n'ouvre pas l'usage de ces aéronefs aux collectivités. Pour l'instant.
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