"Avec le changement climatique, certains événements météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, notamment les pluies intenses et les vagues de chaleur. Météo-France est pleinement mobilisé pour fournir l’information la plus pertinente et améliorer la réponse aux situations d’urgence et la protection des populations", assure Virginie Schwarz, qui préside l’établissement. Joignant l’acte à la parole, ce dernier vient d’annoncer le renforcement de ses outils de vigilance.
Des prévisions sur deux jours
D’abord, Météo-France étend la durée des prévisions en cas de phénomène météorologique dangereux au lendemain minuit. Jusqu’ici, l’alerte était donnée pour 24 heures glissantes. Elle s’étendra dorénavant sur deux jours, "l’information 'lendemain' étant diffusée dès 6 heures du matin", précise Véronique Ducrocq, directrice des opérations pour la prévision de l’établissement. Un bulletin de suivi remanié accompagnera en outre cette double carte de vigilance, présentant une frise chronologique pour connaître précisément les heures de début et de fin de l’épisode de vigilance, et ce, phénomène par phénomène. Pour mémoire, neuf sont aujourd’hui couverts par l’établissement : orages, pluies-inondations, vents violents, avalanches, neige-verglas depuis 2001 ; canicules et grands froids depuis 2004 ; vagues-submersions et crues depuis 2011.
Un zonage progressivement plus fin
Ensuite, Météo-France proposera une localisation plus fine pour les risques de vagues-submersions d’une part, avec un découpage infradépartemental (46 zones littorales distinguées, contre 25 jusqu’ici), et d’avalanches d’autre part, avec un suivi de 37 zones montagneuses distinctes, réparties sur 35 massifs. Météo-France ambitionne d’étendre progressivement ce découpage infradépartemental à d’autres phénomènes, comme les vents violents (pour le mistral, par exemple), les épisodes neigeux, en fonction de l’altitude, ou encore certains orages, notamment lorsqu’ils sont liés au relief, précise Benoît Thomé, directeur interrégional Centre-Est de Météo-France. Soulignons que Météo-France permet d’ores et déjà aux communes, aux intercommunalités et aux opérateurs de réseaux de s’abonner gratuitement aux "avertissement pluies intenses", leur permettant d’être avertis en temps réel, par SMS, courriel ou message vocal de telles précipitations à l’échelle des communes.
Plutôt des fausses alertes que des événements manqués
L’objectif est multiple : "favoriser les reports de déplacement, donner davantage de temps aux autorités pour préparer et planifier la réponse aux situations de crise, aider les services de la sécurité civile à pré-positionner leurs équipes et moyens d’intervention, mobiliser en amont les personnels et structures de santé…", égrène Véronique Ducrocq. Avec toujours la même ambition : "D’abord, éviter les défauts de détection, tout en se gardant de crier au loup trop souvent." L’établissement fait clairement du premier objectif sa priorité – affichant un taux d’événements manqués de 1,7% en 2021 –, quitte à pécher un peu plus sur le second, avec un taux de fausses alertes de 14% sur la même période. "Les citoyens, la société doivent accepter les fausses alarmes", insiste l’experte. Rappelons que Météo-France avait été vertement critiqué cet été pour ce motif, ses prévisions ayant conduit plusieurs communes à annuler la fête de la musique à cause d’orages qui ne s’étaient finalement pas produits.
Des précisions en progrès, que ne remet pas en cause le changement climatique
Véronique Ducrocq argue en outre des performances de l’établissement sur les dix dernières années : "Un taux de détection de 100% pour la canicule et le grand froid, de 97 à 99% pour la neige-verglas, les orages, les pluies-inondations, les vagues-submersions et de 93% pour les vents violents. Et en 2021, 90% des alertes orages ont été lancées au moins 3 heures avant le début de l’événement", souligne-t-elle. Elle met également en avant l’amélioration continue des prévisions : "Celles à 5 jours d’aujourd’hui sont aussi fiables que celles à 3 jours d’il y a vingt ans", assure-t-elle. Un progrès que le changement climatique ne devrait pas contrarier : "Nous modélisons les lois de la physique. Or le changement climatique ne les modifie pas", explique Benoît Thomé.
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