Après avoir connu un frein, notamment en raison des atermoiements des politiques publiques (suppression du crédit d'impôt développement durable, moratoire de 2010 sur le photovoltaïque suivi d'une baisse des tarifs de rachat…), les métiers verts reprennent des couleurs. C'est ce que semble montrer la troisième édition du baromètre des emplois de la croissance verte et du développement durable, réalisé par le cabinet Orientation durable, en collaboration avec la CGPME et L'Express. Ce baromètre qui repose sur les offres d'emploi de la filière parues fin 2012 fait apparaître une progression de 75% par rapport à mars 2012.
2.219 offres ont ainsi été enregistrées. Les énergies renouvelables tiennent le haut du pavé avec 1.293 offres. Elles constituent un marché qui "résiste à la crise à court terme, boosté à moyen terme et incertain à long terme". Mais avec 575 postes à pourvoir, c'est l'efficacité énergétique qui enregistre la plus forte progression (+128%), essentiellement grâce aux emplois d'ingénieurs qui ont quasiment triplé, passant de 134 à 372 en six mois. "Les leviers économiques vont continuer à booster ce segment à moyen et long termes", assure même le cabinet. Les postes à pourvoir au sein des collectivités sont eux aussi en forte augmentation, passant de 42 à 91.
L'enthousiasme qui ressort de ce baromètre n'est pourtant pas partagé par tout le monde. Fin 2012, l'Ademe évaluait à 310.000 le nombre d'emplois équivalents temps pleins dans le secteur (efficacité énergétique et énergies renouvelables), soit 2.500 de plus sur un an. Mais avec des nuances. La crise du photovoltaïque aurait ainsi plombé les chiffres des énergies renouvelables, quand l'efficacité énergétique aurait, elle, gagné quelque 11.000 emplois (soit un total de 220.000). On est en tout cas bien loin des estimations du Boston Consulting Group qui, en 2009, avait estimé à 600.000 le nombre d'emplois verts créés ou sauvés grâce aux mesures du Grenelle...
Privilégier la dimension territoriale
Le plan Batho présenté le 7 janvier apportera un peu d'air frais à la filière photovoltaïque, en attendant la future loi de programmation sur la transition énergétique qui devrait éclaircir l'horizon en matière d'investissements. Mais le gouvernement cherche aussi à mieux structurer les filières au niveau territorial, notamment dans le bâtiment. "S'il est bien entendu nécessaire de poursuivre les plans d'actions nationaux, il apparaît indispensable – et complémentaire – de privilégier la dimension territoriale afin de contribuer au développement économique durable et équilibré des territoires", souligne une circulaire du ministère de l'Egalité des territoires publiée début janvier. Ce sont les Dreal (directions de l'environnement, de l'aménagement et du logement) qui seront chargées de ce travail, aux côtés des collectivités. Elles s'appuieront sur les diagnostics territoriaux réalisés par leurs soins en 2011 et 2012. "La priorité sera donnée à l'identification et l'accompagnement d'un ou deux projets remarquables concourant au développement des filières par la création de valeur ajoutée et d'emplois", précise le texte qui préconise des circuits économiques courts…
Pour la CGPME, qui a coréalisé ce baromètre, "l'enjeu en termes de formation et de gisement d'emplois est gigantesque, à condition que les chefs d'entreprise des PME-PMI soient accompagnés par des financements adaptés et pérennes". Selon elle, le chantier de la rénovation énergétique va être "colossal". Mais la confédération appelle à la plus grande vigilance pour que "l'épisode malheureux du photovoltaïque ne se reproduise pas pour la rénovation énergétique". Message qu'elle entend porter en région au cours du débat sur la transition énergétique.
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